Huit ans, c’est un peu juste pour être autonome sur son vélo. Physiquement, ça peut aller, en s’adaptant au rythme de l’enfant – du coup, c’est parfois un peu frustrant de ne pas aller plus vite. Les 2-3 premiers mois surtout, nous avons eu recours de temps en temps au « tire-Lila », quand elle était fatiguée et qu’il fallait quand même avancer : une corde munie d’un élastique entre notre porte-bagage arrière et la fourche avant de Lila, le tout mesurant environ 2 mètres. Attention, cette technique n’est pas homologuée (!) et peut être dangereuse, en particulier dans les descentes (si la corde se prend dans les roues), pour traverser les routes (longueur de l’atelage) ou dans les villes néerlandaises où la circulation à vélo est intense (les vélos voient mal la corde et peuvent se prendre dedans). Mentalement, il s’agit d’entretenir la motivation : avec des jeux de devinettes, les numéros sur les plaques minéralogiques ou les couleurs de voitures, les tables de multiplication ou les conjugaisons, en se racontant des histoires, des films… De temps en temps, la promesse d ‘un bonbon ou d’une glace est assez efficace… et reposante !
En fait, la principale réserve est en termes de sécurité : on ne peut pas compter sur son enfant de 8 ans pour ne faire aucune erreur, malgré toutes les mises en garde possibles – traverser la route parce que papa l’a fait 100 mètres devant, faire demi-tour ou un écart sur la chaussée… sans même parler des erreurs de conduite des automobilistes. Les causes possibles d’accident sont multiples, sans même parler des chutes. Il faut donc anticiper en permanence, et c’est d’autant plus difficile et vital que les conditions sont dures : pluie, circulation, fatigue de la fin de journée. Le danger peut venir des voitures, bien sûr, mais aussi des autres vélos. C’est même un risque important, sur les véloroutes bien fréquentées de Belgique et des Pays-Bas car les cyclistes roulent vite, on ne les entend pas arriver, et ils s’attendent à ce qu’on soit aussi à l’aise et habitués qu’eux (en fait, sur les véloroutes, il faut avoir exactement les mêmes réflexes que sur route en voiture). Une protection rapprochée et permanente, en plus de la prévention, est impérative ! En cas d’accident, on ne se pardonnerait pas d’avoir été négligent. Dans ce sens, la troisième roue apparaît comme une solution pratique et rassurante.
Après deux mois de vélo, la donne a changé un peu. Lila a beaucoup progressé, elle maîtrise beaucoup mieux son vélo chargé et a acquis un minimum de réflexes sur la route (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne commet plus aucune imprudence, attention). Et puis, il y a la satisfaction d’avoir réalisé ce voyage elle-même, et non collée au porte-bagage de ses parents. Vélo ou troisième roue, on ne sait pas quel serait notre choix si c’était à refaire. Mais si c’était le vélo à nouveau, pour Lila, il faudrait davantage d’entraînement préalable.
Ce qui précède est vrai aussi pour Léo, avec ses 11 ans, mais dans une bien moindre mesure. Malgré quelques baisses de moral passagères, il s’est débrouillé comme un chef et a bien vécu ce bagne imposé !
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