Dans cette région du nord extrême de la Frise, qui échappe encore à la mondialisation, vit une étrange peuplade, la tribu des Moin-Moin (prononcer « moïn »). Il s’agit d’une population semi-grégaire, vivant dispersée en hiver mais se rassemblant aux beaux jours (à partir d’avril-mai, les Moin-Moin sont habitués aux rudes conditions de ces contrées) dans des camps d’été appelés « Campings Moin-Moin ». Les individus Moin-Moin sont grands et plutôt corpulents. Ils s’habillent de manière assez semblables, la tenue Moin-Moin typique comportant notamment des chaussettes hautes glissées dans des sabots ou dans des sandales rustiques. Les femmes Moin-Moin ne se livrent pas à toutes les futilités que connaisent celles des pays dits civilisés, maquillage, épilation… Mais le principal signe identitaire des Moin-Moin est leur coutume ancestrale – à l’origine de leur nom – de se saluer par un « Moin ! » sonore à chaque fois qu’ils se rencontrent, qu’ils se croisent, qu’ils se quitent, même plusieurs fois dans la journée. Ce qui, le matin notamment (le Moin-Moin se lève tôt), donne lieu à un étrange et joli concert de « moin-moin » qui fait une concurrence sévère à celui des oiseaux, quoique ceux-ci aient commencé plus tôt encore. Nonobstant ces moeurs particulières, les Moin-Moin sont un peuple pacifique et très accueillant. Et l’étranger qui profite de leur hospitalité, quoiqu’un peu surpris au début, se plie volontiers à leurs habitudes et répond joyeusement aux « moin » amicaux qu’on lui lance. Probablement, s’il restait longtemps parmi eux, irait-il jusqu’à adopter leur tenue vestimentaire, y compris la chaussette-sandale. En les quittant, l’étranger garde donc un souvenir ému de ce contact privilégié et hors du temps avec le peuple sympatique de Moin-Moin. Les laissant à leur destin qu’il souhaite heureux, il se retourne une dernière fois pour les saluer de la main et leur lancer un grand « Moin » d’adieu, avant de poursuivre sa route.
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